Le tissu social et le voile de la discorde !

Le Premier ministre, Ousmane Sonko, connu pour ses discours polémiques et souvent provocateurs pour attirer l’attention sur des questions sociétales, économiques et politiques, est de nouveau au centre d’une nouvelle polémique. Sa récente sortie sur le port du voile dans les écoles privées catholiques a suscité un tollé, aggravé par la réponse salée de l’Abbé Latyr Ndiaye.

En effet, recevant les lauréats du Concours général, mardi dernier, le chef du gouvernement a assuré que l’Etat n’accepterait plus que des élèves musulmanes soient interdites de porter le voile dans certaines écoles privées catholiques. Pour Ousmane Sonko, le port du voile est un droit religieux fondamental qui doit être respecté, même dans les établissements privés. Il a affirmé que les élèves devraient pouvoir exprimer librement leur foi et leurs croyances religieuses, y compris par le port du voile.
De son côté, l’abbé Latyr Ndiaye a défendu la position des écoles catholiques, expliquant que ces institutions ont le droit d’imposer un code vestimentaire qui reflète leurs valeurs et leur identité. Il a souligné que les règles de ces écoles sont connues des parents et des élèves dès leur inscription, et qu’elles doivent être respectées par tous.
Depuis, des langues se délient et sur les réseaux sociaux, le débat a commencé à glisser sur une pente dangereuse parce que touchant à des questions d’identité religieuse et de coexistence dans un pays majoritairement musulman, mais où les écoles catholiques jouent un rôle important dans le système éducatif. Sur Internet, et dans des groupes WhatsApp, certains sont même allés jusqu’à remettre en cause la laïcité, la tolérance religieuse et les droits individuels.
Mais si cette polémique a inquiété beaucoup d’observateurs, c’est parce que le Sénégal est souvent cité comme un exemple de vivre-ensemble en raison de sa diversité religieuse et culturelle et de son harmonie sociale. Le pays est majoritairement musulman, mais il abrite aussi une communauté chrétienne significative et diverses autres religions. Cette diversité est généralement respectée et intégrée dans le tissu social.
Il faut, toutefois, rappeler qu’en matière de laïcité, notre pays n’a pas une séparation stricte entre l’État et la religion comme dans certains autres pays, mais il pratique une forme de laïcité adaptée à son contexte. L’État sénégalais reconnaît et respecte les différentes croyances religieuses, et les institutions religieuses jouent un rôle important dans la vie publique et éducative, tout en étant régulées par des lois qui tentent d’équilibrer les droits de chaque communauté.
Le modèle sénégalais de laïcité est donc plus flexible et intégré, visant à maintenir la paix sociale tout en respectant la diversité religieuse.
Si on n’y prend pas garde, ce genre de débat pourrait, à la longue, exacerber les tensions entre les différentes communautés religieuses, en particulier entre les musulmans et les chrétiens, en mettant en lumière les divergences sur les pratiques religieuses et les droits de chacun.
Mais pour éviter de telles conséquences sociales, il faut que les parties prenantes et notamment les autorités puissent gérer cette polémique. 

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