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« Il m’a offert 150 000 euros pour ouvrir mon restau » : au procès Pogba, le récit d’une amitié d’enfance pervertie par l’argent

Les premières dépositions des prévenus au procès de l’extorsion du footballeur français Paul Pogba, au tribunal correctionnel de Paris, ont esquissé mercredi les liens, pervertis par l’argent, l’unissant à des amis d’enfance.

On comprend bien en entendant Machikour K. les liens profonds entre Paul Pogba et ses amis d’enfance. « On a tous grandi ensemble, on a des liens très forts », raconte à la barre l’homme de 36 ans, tout vêtu de noir.
Il s’agit d’un des six prévenus comparaissant pour leur implication dans ce que l’on a qualifié d' »affaire Pogba »: du chantage, des pressions et même une séquestration sous la menace d’armes à feu dans le but de soutirer 13 millions d’euros au milieu de terrain, qui évoluait à l’époque des faits à Manchester United puis à la Juventus Turin.
Ils ont tous grandi ensemble dans la cité de la Renardière à Roissy-en-Brie, dans la grande banlieue parisienne, jusqu’au départ du footballeur, appelé à une carrière internationale.
Mais Paul Pogba n’a pas oublié les siens, famille ou amis. En 2019, « il m’a donné 150.000 euros pour ouvrir mon restaurant », explique Machikour K., assurant que le champion du monde 2018 disait qu’il ne fallait pas « hésiter à lui demander si on avait besoin ».
– Rancoeur –Machikour K. reconnaît avoir bénéficié à différentes reprises des largesses du Paul Pogba: « Il m’a donné de l’argent régulièrement. 2.000, 5.000, une autre fois 20.000 euros. »
Pourtant, on comprend à ses explications que les liens se distendent avec le milieu de terrain fin 2021. « Je n’avais pas de contact avec lui depuis deux ou trois mois », confirme Machikour K, alors qu’il avait sollicité son ami pour un nouveau prêt pour son restaurant.
La rancoeur monte au sein du groupe qui souhaite « mettre les choses à plat » avec leur ami-mécène. Le père de famille raconte alors qu’une réunion « amicale » est organisée le 19 mars 2022 au soir avec Paul Pogba, de retour pour un rassemblement de l’équipe de France.
Cette nuit-là, deux hommes armés et cagoulés entrent dans l’appartement où les amis se sont retrouvés. Paul Pogba est braqué et les intrus lui demandent 13 millions d’euros.
« Quand je les ai retrouvés, ils étaient tous sous le choc », se souvient Machikour K.
La présidente du tribunal s’étonne alors que, seulement trois jours plus tard, il se soit rendu avec deux autres prévenus dans l’affaire à la boutique Adidas des Champs-Elysées – la grande avenue parisienne – où il dépensera plus de 57.000 euros grâce au contrat de sponsoring de Paul Pogba avec la marque.
« On s’est un peu lâché, on était dans l’euphorie », admet Machikour K, qui a passé plus de dix heures dans le magasin et a dû emprunter un camion pour emporter les 633 articles.
« Paul n’était pas très content parce que ça dépassait son contrat, et il a dû payer la différence », se souvient-t-il. « Mais on ne l’a pas forcé! »
Machikour K et les autres amis d’enfance du champion du monde 2018 ont tous nié leur implication dans l’affaire. Pour leur défense, ils ont affirmé avoir eux-mêmes été victimes de violences et de pressions de la part des braqueurs, qui n’ont jamais été identifiés.
Après Machikour K., le tribunal entendra les autres amis de la Renardière puis l’un des grands frères de Paul Pogba, Mathias, auteur de vidéos menaçantes en août 2022.
Leur accusateur Paul Pogba, partie civile, est absent.
Les six prévenus encourent jusqu’à dix ans de prison. Le procès doit durer jusqu’au 3 décembre.

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